Des professionnels des quartiers populaires en atelier à Saint Denis
Des rencontres nationales
Une première rencontre nationale en mars 2011 à St Denis a été suivie par une autre à Lille co-organisée avec La Maison de Santé Dispersée en 2012 et à Strasbourg en 2015 avec la Maison de Santé du Neuhoff. Les prochaines rencontres devraient avoir lieu à Chambéry fin 2016 avec le Pôle de Santé de Chambéry Nord.
Les objectifs de ces échanges sont de mettre en lumière les approches, les préalables, les éléments structurants mais aussi les difficultés (…) de l’exercice regroupé pluriprofessionnel (maisons, pôle et centres de santé ) dans ces quartiers.
Des ateliers de renforcement
L’ACSBE a souhaité poursuivre en 2013 les échanges en organisant des ateliers de renforcement des équipes en montage ou en activité en maison, pôle ou centre de santé. Un atelier co-organisé et animé par l’équipe du pôle de santé de Chambéry Nord a porté sur l’éducation thérapeutique en milieu populaire, un autre sur les éléments financiers et budgétaires.
Deux nouveaux ateliers les 1ers et 2 avril
L’ACSBE organise deux nouveaux ateliers les vendredi 1er et samedi 2 avril prochains à Saint-Denis, l’un sur la participation des habitants, l’autre sur les déterminants sociaux de santé
Ces ateliers débuteront à 13h00 le vendredi 1er avril, par un accueil des participants puis des travaux sur chacun des deux ateliers et se termineront le samedi 2 avril à 16h.
La cible de ces ateliers
des professionnels de santé exerçant ou souhaitant exercer de manière coordonnée en quartier populaire
—> en langage administratif ces quartiers correspondent aux quartiers prioritaires de la politique de la Ville- La géographie a été revue début 2015, en restreignant la liste des quartiers concernés-
Atelier 1 – La participation en santé de proximité
Problématique
Qu’est-ce que la participation en santé ? Comment s’incarne-t-elle dans le contexte de travail des équipes de soins primaires exerçant en structures collectives dans les quartiers politiques de la ville?
Le concept de participation en santé est mal maîtrisé par les professionnels du soin : il n’est pas enseigné, il n’est pas reconnu par les institutions de santé. Par ailleurs, l’organisation de l’offre de soin dans le cadre de l’exercice solitaire ne le permet pas ou alors de manière très volontariste. Enfin le modèle économique est à construire. Et pourtant peu à peu des expériences se développent, la connaissance sur la participation des usagers aux structures d’exercices collectifs à l’étranger s’améliore, la santé communautaire prend lentement sa place.
Objectifs de l’atelier
Cet atelier a pour but 1) d’aider les équipes à identifier les différentes formes de participation 2) de proposer des outils pour faciliter cette participation 3) de travailler collectivement et d’une façon pratique sur des projets d’équipes impliquant une forme de participation
Déroulement
Vendredi
14h30-18h00 – Travail d’appropriation des contenus du guide de la FémasAC ( ICI) – co-animation de Patrick Vuattoux de la FémasAC
Samedi
9h00-12H30
Présentation et discussions d’expériences (comité d’usagers en soins primaires, participation d’habitants sur d’autres thématiques comme les amicales de locataires…)
14h00-16h00
Accompagnement du groupe sur des projets de participation en lien avec leurs projets
Atelier 2 – S’organiser pour mieux prendre en compte les déterminants sociaux de la santé
Problématique
La prise en compte des difficultés sociales et économiques ainsi que du retard dans l’accès aux soins constituent des enjeux clefs dans les territoires politiques de la ville. Ces déterminants sociaux de la santé impactent de plus en plus la pratique des professionnels qui se sentent souvent isolés et pas suffisamment outillés pour y faire face.
Quelles sont ces difficultés auxquelles sont confrontés nos usagers dans leur quotidien? Quelles conséquences ont-elles sur leur santé et comment influencent elles leur recours aux soins? Comment la pratique des acteurs de soins en est-elle impactée au quotidien ? Comment peut-on mieux s’organiser pour les prendre en compte ?
Objectifs de l’atelier
Cet atelier a pour but 1) d’échanger sur la manière dont les déterminants sociaux de la santé influent sur la santé et le recours aux soins 2) de mutualiser les bonnes pratiques permettant la prise en compte des déterminants sociaux de la santé dans le parcours de santé des usagers.
Déroulement
Vendredi
14h30-18h00
Temps d’échange collectif : en quoi l’exercice de la médecine est différent en quartier populaire ? Quels en sont les points positifs et négatifs ? Quelle posture ?
Samedi
9h00-12H30
Présentation d’expériences sur la manière de s’organiser pour y répondre : Externaliser (l’exemple des coursiers sanitaires et sociaux) – Faire appel au droit commun (hors ou dans les murs) – En interne (quelle organisation ? quels financements ?)
14h00-16h00
Synthèse sur les messages clefs issus de l’atelier à élaborer par le groupe (recommandations directes pour les équipes et portage politique)
Pour s’inscrire
Nous voulons favoriser les échanges en limitant le nombre de participants à une vingtaine dans chaque atelier.
Si vous êtes intéressé(e), merci donc de vite vous pre-inscrire – Nous vous confirmerons l’inscription courant mars.
Dans la mesure de notre budget, nous prendrons en charge le transport et la nuit d’hôtel à Saint-Denis pour les participants de province – merci de le préciser dans votre pre-inscription.
Pre-inscrition atelier 1 – la participation en santé ICI
Pre-inscription atelier 2 mieux prendre en compte les déterminants sociaux ICI
Et n’hésitez pas à nous contacterpour des informations complémentaires
L’équipe de l’ACSBE-La Place Santé ravie de vous retrouver bientôt!
Si fort et si fragile
A la question souvent posée ; alors comment cela va à la Place Santé, il est difficile de répondre. Pour la personne qui découvre aujourd’hui L’ACSBE- La Place Santé en passant la porte de la salle d’attente la réponse est évidente ; tout va bien, c’est même formidable ce que vous faites ! Les consultations médicales, les consultations de médiation, les ateliers collectifs, les actions de santé publiques …. Cela foisonne de partout. Mais si cet observateur regarde de plus près, s’il prend le temps de respirer l’ambiance, son jugement premier va se ternir. Derrière les sourires des « gens » de la Place Santé on peut percevoir l’inquiétude, certains jours on peut mesurer l’épuisement, la lassitude, voire même l’anxiété. Oh bien sur personne ne le dira ainsi, on s’excusera même de dire que c’est difficile d’être au quotidien face à la souffrance sociale, et à la maladie. On se protégera en disant que les habitants sont sympas, qu’ils rendent plus que ce que l’on donne. En réalité cette impression de malaise perçue par l’observateur avisé est juste.
L’ACSBE- La Place Santé est fragile, très fragile. L’incertitude sur l’avenir de chacun remonte à la gorge comme une angoisse, allons- nous pouvoir tenir dans l’adversité. De quelle adversité parlons-nous ? De celle de la précarité des financements, de l’incertitude du devenir des contrats et conventions d’emplois aidés, de l’insuffisance de nos moyens pour bien faire notre travail d’encadrement, pour porter nos projets de santé publique…..et de nos erreurs à nous, qui ne savons pas tout bien faire.
Alors nous essayons de réparer nos erreurs, tout le monde retrousse ses manches pour faire mieux, pour être plus solidaires, cela est nécessaire mais pas suffisant. Les pouvoirs publics doivent s’engager davantage. Il faut qu’ils comprennent que l’innovation que nous portons au sein de ce quartier populaire a besoin tout autant de soutien financier que de satisfecit et d’encouragements. Ce qui se passe actuellement à la cité du Franc-Moisin, ce n’est pas seulement une « expérience » d’offre de santé c’est aussi un engagement de femmes et d’hommes pour aider à la transformation sociale et cela mérite bien un peu plus d’aide.
Didier Ménard
Président de l’ACSBE-La Place Santé
Nouvelle année, nouvelle étape !
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Le passage à la nouvelle année est marquée à la cité du Franc-Moisin par la fermeture du cabinet médical du Docteur Paknadel, mon associé, et donc de moi-même. Après 35 ans d’activités médicales, une page se tourne. Les derniers jours furent marqués par la venue, souvent en famille, des patients pour dire au revoir. Ce fut un grand moment d’émotion où nous avons pu mesurer à quel point notre pratique de la Santé dans un quartier populaire nous avait permis de réaliser notre engagement pris à la création du cabinet en 1978. Ce dont les habitants nous ont remercié, ce n’est pas la qualité de nos diagnostics, ni même des traitements proposés, mais de notre accompagnement dans les moments difficiles de leurs vies, de notre engagement à leurs cotés quand ils étaient malmenés par les institutions, par le travail, par les accidents de la vie. D’avoir tout simplement été leurs médecins de famille.
Maintenant nous passons le témoin aux jeunes médecins de la Place Santé. Ce passage, s’il est évident pour nous qui avons porté le projet de construction du Centre de Santé Communautaire, ne l’est pas pour les habitants. La question récurrente de ces derniers jours était « vont-ils savoir faire comme vous ? », « allons-nous retrouver à la Place Santé toute cette empathie, ce service, cet engagement que l’on pouvait trouver au 7ième étage du 41 rue de Lorraine ? ». Je me suis engagé pour leur dire que c’est ensemble que nous allons continuer à construire ces savoir-faire et ces savoir-être. Il faudra que les habitants apprennent aux jeunes docteurs, comme ils nous l’ont appris, à ne pas avoir une vision trop médicale, que prendre du recul vis à vis de la plainte qui motive la consultation est nécessaire pour mesurer toute l’ampleur du problème soumis au médecin. L’approche sociale, l’approche cultuelle, la dimension psychologique, font partie de la question médicale, cela ne s’apprend pas à la faculté et à l’hôpital, où la médecine est faite différemment pour répondre à d’autres problèmes. Nous pratiquons la médecine générale dans une dimension de Santé Communautaire, cela signifie que le soin est particulier. Il doit être émancipateur, protecteur, coordonné avec les autres professionnels du quartier. Cela s’apprend à chaque consultation, et cela fait maintenant deux années que les jeunes font cet apprentissage. Les médecins qui se sont engagés dans le projet de la Place Santé portent haut et fort ces valeurs, ils veulent pouvoir répondre aux besoins de santé des habitants, ils conçoivent leur travail en partenariat et dans l’action collective c’est pour cela qu’ils vont réussir, j’ai complètement confiance en eux. Et ils ne sont pas seuls, toute l’équipe est là pour les aider, le travail des médiatrices est un bien précieux pour eux, les ateliers collectifs sont des moments de ressourcement, la musicothérapeute, la psychologue, la diététicienne, la podologue, l’équipe de direction, les secrétaires et le conseil d’administration de l’ACSBE sont là pour tisser collectivement notre projet de Santé. Ils ont tous besoin de la confiance, de l’humour, du respect des habitants et cela demande de la part de toute l’équipe de l’humilité, de la pugnacité, et de ne jamais baisser les bras dans l’adversité même quand la maladie est bénigne, même quand le problème social est bénin.
C’est une construction qui ne peut se faire que dans la confiance réciproque, il suffit ensuite d’y mettre de la compétence, de la persévérance et même de la tendresse et tout ce passera bien
Ce sont les vœux que je formule en ce début d’année pour toute l’équipe de l’ACSBE, et pour les habitants de la cité : continuons ensemble à construire la Santé Communautaire nous en avons tous besoin.
Bonne année !
Didier Ménard
Président de l’ACSBE-La Place Santé
Nous y sommes arrivés !
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Le rapport du « Comité des Sages » pour une stratégie nationale de santé présidé par Alain Cordier l’a écrit, la Ministre Marisol Touraine l’a dit : l’avenir du système de santé passe par « outre des activités de soin, ces équipes pluridisciplinaires doivent développer dans le cadre de leur projet de santé des actions de préventions et d’éducation à la santé, en lien avec les priorités du Comité Interministériel de la santé et les priorités régionales. Elles doivent également créer des liens avec les secteurs médico-social et social. »
Ce n’est pas à l’ACSBE que nous allons contester ces dires, puisque nous tentons avec la Place Santé de réaliser chaque jour ce projet de santé. Nous n’allons pas bouder notre plaisir d’entendre enfin dire, du haut de la tribune de la République, que le choix que nous avons fait est légitime et reconnu.
Ceci dit, si nous l’avons fait depuis si longtemps c’est parce qu’il est pour nous difficile de faire autrement. Les valeurs que nous partageons de justice sociale, de lutte contre la discrimination, de solidarité, la conception que nous avons de la santé, c’est à dire la recherche d’un bien-être, et surtout la réalité des conditions de vie des habitants du quartier Franc-Moisin/Bel-Air nous impose de concevoir l’action de la santé dans le cadre de la santé communautaire.
Construire des actions de soin, de prévention, d’éducation, d’accès aux droits ; d’organiser chaque année plus de cent ateliers collectifs, d’aider les habitants de notre cité à participer à ces actions et bien plus : de les co-construire ensemble, tout cela nourrit et donne le sens de notre exercice professionnel.
Mais attention à ce que cette reconnaissance ne soit pas l’arbre qui cache la forêt des difficultés.
Nous sommes soutenus, nous sommes financés par les institutions. Au sein de chacune d’elles des femmes, des hommes, nous accompagnent pour que nous réussissions notre projet, mais que le système est compliqué !
Tout ce travail est extrêmement fragile tant les procédures sont compliquées, tant les femmes et hommes politiques qui décident, manquent de courage pour oser dépasser le stade de l’expérimentation.
Nous en avons marre d’être expérimenté ! Depuis 20 ans, nous labourons le champ de l’action médico-sociale : l’heure est venue de tout basculer dans le droit commun.
La politique de la ville et la politique de santé ne doivent plus être des politiques de secondes zones : les quartiers populaires, les associations qui y travaillent doivent se sentir soutenues par la République.
Il n’est pas normal que nous redoutions chaque année, malgré tout nos efforts, le déficit financier. Ce n’est pas normal que les personnes qui travaillent à la Place Santé acceptent, pour faire vivre le projet, d’avoir des petits salaires.
La République a le devoir de faire plus pour les populations défavorisés, d’aider davantage les associations qui apportent l’espoir d’un vivre mieux pour tous.
La misère ne doit plus être notre quotidien ! Nous savons donner, nous savons recevoir, nous savons rendre, alors nous attendons que les décideurs politiques de ce pays fassent la même chose, et que la Ministre de la santé prenne des décisions dans ce sens.
Et nous pourrons alors dire ensemble nous y sommes arrivés!
Didier Ménard – Président de l’ACSBE
Médecin généraliste sur le quartier