La santé communautaire existe !
La santé communautaire existe : je l’ai rencontré ! Elle se promenait en cette fin de septembre du côté de Genève chez nos amis helvètes.
Pendant deux jours, à l’initiative de l’Institut Renaudot et grâce à l’accueil chaleureux de la commune de Meyrin, plus de 400 participants se sont rencontrés pour parler de leur santé communautaire. Parmi tous ces congressistes, une petite délégation de l’ACSBE avec les médiatrices , une habitante de la cité, et des membres du bureau. Nous avons pu nous imprégner – une fois de plus – de l’esprit et du savoir-faire de la santé communautaire.
Nouvelle rentrée, nouveau souffle
- Nouvelle rentrée, nouvelle équipe gouvernementale, mais toujours les mêmes problèmes.
- Comment faire évoluer le système de l’offre de soins pour l’adapter aux réalités nouvelles ?
- Comment faire comprendre aux soignants que cette évolution nécessaire impose des transformations qui ne doivent pas être des pénalisations mais qui, au contraire facilite la création de nouveaux avantages ?
Vous avez dit parcours de santé ?
- Il semblerait qu’à l’aune de ce changement politique, les institutions qui gèrent le système de santé ont moins de scrupules à vouloir transformer le système de l’offre de soins.
- De là à le changer en un système de santé, nous n’y sommes pas encore. Mais l’idée que cette transformation pourrait se faire grâce au parcours de soins fait son chemin. Certains parlent donc de parcours de santé et d’autres encore plus téméraires parlent de parcours de vie. Oh ! Là ! Là ! Que d’audace !!!
Pour nous qui sommes depuis fort longtemps les « petites mains » du parcours de santé, nous sommes tout excités. Si ce que nous construisons suscitait de l’intérêt, nous ne bouderions pas notre plaisir. Qu’avons nous à proposer ?
Le parcours de santé c’est la mobilisation des acteurs de la santé situés sur l’itinéraire d’une personne malade. Cette mobilisation se fait sur la connaissance des savoirs faire existant : c’est la coordination pluri-professionnelle, c’est le mariage du médical et du social, c’est la construction partagée d’un projet thérapeutique, ce sont les coopérations pluri-professionnelles sans hiérarchie de valeurs, c’est la participation de la personne pour être acteur de sa santé. Ce sont toutes ces actions qui deviennent nécessaires lorsque la situation de la personne malade est complexe et pour nous, presque toutes les situations tendent vers la complexité.
Nous ne sommes pas arrivés à ces pratiques professionnelles par un raisonnement théorique, mais parce que la réalité des personnes vivant en zones urbaines sensibles le requiert.
Alors nous avons construit un interface entre le système social et la population, avec la médiation santé conduite par les médiatrices.
Nous avons une approche du soins qui ne dépossède pas la personne de sa participation à son traitement ; nous avons les ateliers collectifs de la santé communautaire pour tisser le lien social, ingrédient nécessaire au mieux être et donc à une meilleure santé ; nous avons une médecine humaniste qui respecte la personne dans toutes ses dimensions ; nous avons la volonté de satisfaire des besoins de santé qui sont atteignables par cette manière d’agir. Cela n’est jamais simple, mais cela fonctionne.
Certes c’est perfectible, l’outil informatique de suivi du parcours de santé est à rendre plus efficace, les coordinations sont toujours difficiles, car remettant en cause les savoirs faire, la crainte de la perte d’autonomie professionnelle est légitime, le regard de l’autre sur sa pratique est déstabilisante, le doute est omniprésent, mais de tout cela nous avons appris à en faire des atouts. Face à ces difficultés, nous fortifions le sens qui fait que nos métiers sont indispensables à l’amélioration de la santé des populations, donc nous contribuons, à notre petite échelle, à construire du « bonheur » et c’est déjà bien.
Alors, si s’ouvre une période où les institutions de la santé veulent bien nous accompagner dans cette façon de faire, nous sommes prêts.
Didier Ménard
Président de l’Acsbe-La Place Santé
Médecin généraliste
Osons faire autrement !
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Voilà six mois que la Place Santé est ouverte. Le travail s’organise, la « montée en charge » se déroule comme prévu, nous pouvons être content mais … il faut faire attention à rester dans le projet.
Notre ambition de se réduit pas à organiser la continuité de l’offre de santé sur le quartier, même si cela est déjà un sacré défi. Nous voulons aussi participer aux transformations qui se dessinent actuellement dans la réorganisation du système de santé. Notre projet se nourrit d’un diagnostic de santé effectué sur le territoire, ceci n’est pas fréquent et pourtant cela devrait être indispensable pour tous les projets de santé. Notre action médico-psycho-sociale s’inscrit dans une approche populationnelle de la santé, là aussi c’est relativement nouveau en France.
Le mariage du social, du médical, du culturel se réalise dans une dynamique de santé communautaire; c’est à dire avec l’implication de la population.
Nous participons avec les élus et « l’atelier santé ville » au Contrat Local de Santé, signé avec l’Agence Régionale de Santé, ce qui est une véritable innovation.
Les soins tentent de s’inscrire dans une médecine de parcours de la personne qui est devenue indispensable pour faire face aux poly-pathologies associées aux maladies chroniques.
Voilà quatre considérations qui sont les piliers de notre projet et qui sont aujourd’hui les leviers de la transformation du système de santé.
Alors nous revendiquons d’en être.
D’Être associé aux recherches, aux débats, aux expérimentations qui donnent de la visibilité à tous ces changements.
La place des médecins, des médiatrices, de la musicothérapeute et de toute l’équipe est dans ce mouvement de transformation qui n’est pas seulement un mouvement de redéfinition de l’exercice de la médecine mais qui est aussi, je le pense, un mouvement de transformation social de progrès.
Didier Ménard
Président de l’Acsbe-La Place Santé
Médecin généraliste