La santé communautaire existe !
La santé communautaire existe : je l’ai rencontré ! Elle se promenait en cette fin de septembre du côté de Genève chez nos amis helvètes.
Pendant deux jours, à l’initiative de l’Institut Renaudot et grâce à l’accueil chaleureux de la commune de Meyrin, plus de 400 participants se sont rencontrés pour parler de leur santé communautaire. Parmi tous ces congressistes, une petite délégation de l’ACSBE avec les médiatrices , une habitante de la cité, et des membres du bureau. Nous avons pu nous imprégner – une fois de plus – de l’esprit et du savoir-faire de la santé communautaire.
Ne vous inquiétez pas ! je ne suis pas devenu un mystique de cette manière de faire de la santé, en suivant les pas de Jean Jacques Rousseau sur les bords du lac Léman, mais je suis encore plus persuadé que faire de la santé dans une démarche communautaire est un puissant levier pour changer les systèmes de santé – changer en mieux cela va de soi.
Une fois rappelé (pour ceux qui ont du mal à suivre !) que la santé communautaire n’est pas la santé du communautarisme mais la santé produite par les « gens » vivant dans un lieu, que ce lieu existe en tant que tel, par son histoire, son urbanisme .. pour nous, à l’ACSBE, c’est le quartier Franc-Moisin/Bel-Air.
Elle est, cette santé, co-produite par des acteurs différents et confirme de toute évidence que la santé n’est pas de la seule compétence des soignants mais de la compétence de tout un chacun, dès lors que par son action militante ou simplement d’habitant il permet d’améliorer la santé des citoyens. Et les actions ne manquent pas.
A Genève pendant deux jours nous avons pu nous réjouir en écoutant tous ces acteurs nous conter comment, ici et là, ils construisaient des actions de santé au plus près des réalités des personnes, comment ils inventaient des réponses que je trouve tout aussi pertinentes qu’originales. « Convaincs les habitants de s’occuper de leur santé et tu verras comment ils t’apprendront que l’action collective est porteuse de solutions, comment ils te montreront que lutter pour améliorer le mieux être des uns et des autres n’est pas une chimère. »
Il y avait peu de médecins dans les délégations, cela montre qu’aujourd’hui le monde de la médecine n’a pas encore suffisamment rencontré la santé communautaire. Pourtant ce monde de la médecine aurait tout intérêt à le faire, car il y trouverait des réponses à ses questionnements sur la prévention, sur l’éducation thérapeutique, sur l’organisation des soins, sur le parcours de soins, sur la performance, bref sur l’avenir de la médecine.
La période actuelle sera-t-elle celle du rapprochement entre la santé communautaire et l’exercice collectif du soins ? Je l’espère car les soignants doivent réussir la transition du passage du soin à la personne, à la santé de la population. Ils ne pourront pas réussir sans participer à la santé communautaire.
C’est ce que nous voulions réussir en ouvrant la « Place Santé » au Franc-Moisin, Après ce séjour à Genève je suis encore plus persuadé que nous sommes sur le bon chemin.
Didier Ménard
Médecin généraliste, Président de l’Acsbe – La Place Santé