DÉÇUS ET EN COLÈRE !
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Nous ne pouvons exister et conduire notre projet associatif qu’en répondant aux appels d’offres qui financent les actions. Nous ne pouvons pas nous inscrire dans le droit commun car les pouvoirs publics nous maintiennent dans le champ de l’expérimentation. De ce fait, nous sommes dépendants de ces appels d’offres qui circulent et auxquels nous répondons quand ils peuvent nous permettre de réaliser une action qui rentre dans le champ de nos compétences et qui vient étayer le fonctionnement de l’association.
Depuis plus de 20 ans, nous fonctionnons ainsi et nous connaissons toutes les différences et les variabilités de ces appels d’offres. Nous avons souvent des réponses positives mais nous avons aussi connu des refus. Ces refus peuvent être incompréhensibles au regard de notre proposition d’actions, ils peuvent être irrespectueux quand ils ne sont pas explicités, ils peuvent être aussi injustes quand le projet, mis en regard de l’appel d’offre, est dénaturé.
Nous venons de connaître cette déception avec le refus d’appel d’offre fait par l’INCA (Institut National contre le Cancer).
Nous sommes déçus du refus et en colère car la justification qui nous en est donnée révèle une fois de plus la méconnaissance de la réalité qui s’exprime dans ces procédures de financement du travail associatif dans ce pays. Cela concerne aussi bien la forme que le fond.
Sur la forme :
Nous ne pouvons que nous réjouir de la délivrance d’une explication qui justifie, du point de vue de l’INCA, son refus de soutenir notre action d’améliorer le dépistage du cancer du col de l’utérus chez les habitantes de la cité du Franc-Moisin.
On nous explicite que notre projet a été étudié par des « gens » , qui sont ils ? deux rapporteurs ont donné leur avis et c’est de ces avis que le refus est prononcé. En ce qui concerne notre projet l’un, le rapporteur 1, donne un avis positif, le rapporteur 2 un avis négatif. Le constat est cruel, c’est celui qui dit non qui gagne, pourquoi ? Aucune demande de précisions, d’explications c’est comme cela ! Une/un inconnu décide que non. Cette forme de jugement au regard de la situation des femmes du quartier nous semble irrespectueux de notre travail. Certes l’INCA doit avoir ses raisons d’agir comme cela mais nous ne les connaissons pas et nous ne pouvons que regretter de ne pas mieux connaître la règle du jeu avant de répondre à l’appel d’offre,
Sur le fond :
Le rapporteur 2 justifie son avis négatif en répondant aux mêmes critères que le rapporteur 1, qui lui, les trouve bons. A la lecture de ces avis, il est évident que la lecture du projet est totalement différente. On perçoit des incompréhensions qui ne peuvent s’expliquer que par une représentation fausse de la nature du projet, d’une méconnaissance de ce qu’est la santé communautaire, que le raisonnement est très médical et peu social. On peut certes, nous reprocher d’avoir mal écrit notre projet, qui n’est lisible et compréhensible que par 50 % des auditeurs, il y a probablement du vrai, mais après 20 ans d’expériences nous ne sommes plus des acteurs naïfs.
Nous savons que dans l’étude d’un projet d’action de ce type, certains y verront une innovation qu’il faut soutenir, là où d’autres y verront une action imparfaite parce que ne rentrant pas dans les critères standardisés et donc les nôtres seraient mal définis.
Faut-il donc toujours rentrer dans les normes lisibles par les tenants de l’action classique pour être financé ? Il y a toujours un observateur, un examinateur qui projette son regard figé avec les seuls critères qu’il maîtrise et qui refuse de soutenir l’action de terrain.
Nous sommes déçus de ne pas pouvoir conduire cette action de santé communautaire, nous sommes en colère car une fois de plus l’effort n’est pas fait pour regarder le travail associatif à partir de ce qui le fonde, mais à partir de ce que l’institution voudrait qu’il soit, c’est-à-dire un effecteur des politiques publiques.
Didier Ménard
Président de l’Acsbe-La Place Santé
Médecin généraliste
Comment mesurer ce que l’on fait ?
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Il est indéniable qu’il y aura toujours une grande différence entre ce qui relève de l’organisation de l’action vue par l’institution (administration) et par la mise en œuvre de cette action par les acteurs de « terrain ».
Il n’y a pas d’adéquation entre ces deux logiques, tant la culture et l’organisation de l’action institutionnelle procèdent d’une démarche bureaucratique, ce qui s’oppose par définition, à l’action innovante du « terrain » qui elle, se développe dans une culture de l’expérimentation qui se cherche en permanence – le risque et l’incertitude étant alors ces composantes obligées.
Pourtant, et ce n’est pas là le moindre des paradoxes, ces deux logiques ont besoin de marcher ensemble. La question est alors : comment trouver le point d’équilibre, quand d’une part des professionnels tentent – à partir de leurs savoirs – de construire une réponse à un problème qui est devenu leur quotidien et d’autre part, lorsqu’une institution – souvent sous injonction politique – tente elle aussi de trouver une solution au même problème ?
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Savoir accueillir
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L’année se termine les fêtes approchent, l’esprit de Noël se répand sur la cité.
L’esprit de l’Aïd et Roch Hachana n’est pas encore effacé. Ces moments de fêtes apportent un peu de baume réconfortant face à la misère qui s’aggrave. Les croyances qui sont nombreuses aux Francs-Moisins peuvent aider à supporter les moments difficiles, mais le plus important ce sont ces moments de solidarités qu’elles apportent. D’où qu’elles viennent ces solidarités sont les béquilles des pauvres gens.
« La relève » de Juliette Warlop – sur Public Sénat
Un film inédit réalisé par Juliette Warlop produit par Zadig productions avec la participation de Public SénatDans la cité du Franc-Moisin (Seine-Saint-Denis), plusieurs médecins généralistes vont prochainement prendre leur retraite.
L’un d’entre eux, Didier Ménard, s’en est alarmé : qui va les remplacer ?
Didier Ménard n’est pas un médecin comme les autres. Militant pur et dur, profondément investi dans la cité, il donne son temps sans compter et se bat inlassablement pour les droits de ses patients. Ces derniers le pensent irremplaçable…