Savoir accueillir
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L’année se termine les fêtes approchent, l’esprit de Noël se répand sur la cité.
L’esprit de l’Aïd et Roch Hachana n’est pas encore effacé. Ces moments de fêtes apportent un peu de baume réconfortant face à la misère qui s’aggrave. Les croyances qui sont nombreuses aux Francs-Moisins peuvent aider à supporter les moments difficiles, mais le plus important ce sont ces moments de solidarités qu’elles apportent. D’où qu’elles viennent ces solidarités sont les béquilles des pauvres gens.
Nous devons à « la Place Santé » produire et porter nos propres solidarités. Celles qui se façonnent au jour le jour dans l’accompagnement des personnes pour la conquête des droits sociaux, dans la consultation médicale qui se doit d’être bienveillante, et rassurante, dans la coordination des soins qui doit guider la personne malade auprès d’autres professionnels tout aussi bienveillants ce qui n’est pas toujours facile à trouver. Dans les ateliers collectifs c’est avant tout la bonne humeur et le souci de l’autre qu’il faut fortifier, ce que nous essayons toujours de faire.
Ces solidarités ne sont pas seulement nécessaires à l’action de soigner, elles sont indispensables pour rendre de la dignité à celles et ceux qui souffrent et à celles et à ceux qui sont dans la demande d’un droit. Nous ne devrions pas avoir le besoin de réclamer les solidarités pour les personnes malades ou en situation sociale difficile. L’empathie devrait être la règle notamment dans les lieux d’accueil de ces populations et ce n’est pas toujours le cas. Trop souvent la méfiance, la suspicion, voir la peur sont les modes de réception à la demande d’un droit. Certes, les institutions ne facilitent pas le travail des personnels d’accueil tant les réglementations sont devenues impossibles à gérer et même à expliquer. Passer tout son temps de travail à renvoyer les personnes pour insuffisance de documents est certainement épuisant, mais tout de même la solidarité avec les personnes en souffrance c’est le minimum exigé pour accueillir l’autre. La responsabilité est surtout du côté des institutions, il ne suffit pas d’avoir de beaux locaux, bien agréables au regard des yeux, encore faut-il former le personnel d’accueil à l’empathie ce qui bien souvent éviterait les moments de tension.
Accueillir l’autre est devenu un véritable métier qui ne se réduit pas à donner des informations, cela nécessite de l’écoute, du savoir-faire de la réassurance, donner du réconfort, savoir manier l’humour à bon escient, bref, un vrai métier qu’il faut défendre et revaloriser. Il me semble qu’en ces temps de restrictions budgétaires et d’aggravation de la précarité, il sera plus utile aux institutions de la sécurité sociale de mieux former son personnel d’accueil plus tôt que d’embaucher toujours plus de statisticiens pour compter le nombre de pilules de génériques prescrites et d’inspecteurs pour traquer le fraudeur
Ces choix ne sont pas anodins ils montrent la vraie nature des institutions, alors au moment où le gouvernement lance un énième plan de lutte contre la pauvreté, qu’il commence par exiger de ses institutions une respectueuse attitude envers les citoyens et de faire en sorte que l’accès aux soins et aux droits sociaux soient facile à obtenir ce qui est quand même le minimum de la décence.
Didier Ménard
Président de l’Acsbe-La Place Santé
Médecin généraliste