Rencontres nationales santé en quartier populaire en septembre 2017 à Chambéry
La participation des habitants des quartiers populaires en matière de santé de proximité : le rôle des maisons et centres de santé
Rencontres Nationales de la Santé en Quartiers Populaires – Cité des Arts de Chambéry
Jeudi 21 et vendredi 22 septembre 2017
Au sein des quartiers populaires se posent de nombreuses questions de santé publique (maladies chroniques, addictions…) qui nécessitent l’organisation d’une offre de soins. Les habitants peuvent se saisir de ces questions grâce aux pôles/maisons/centres de santé pluridisciplinaires, structures de proximité favorables à leur participation.
Depuis 6 ans, les maisons et centres de santé situés en quartiers populaires se réunissent pour aborder ces enjeux. Les 4ème Rencontres Nationales se dérouleront ces 21 et 22 septembre 2017 à la Cité des Arts de Chambéry, avec près de 200 participants attendus.
L’existence d’une offre de soins et de santé au sein des quartiers de la politique de la ville interroge aussi bien les professionnels que les pouvoirs publics et les habitants. L’exercice de la médecine et de la promotion de la santé en milieu populaire conduisent à des modes d’organisation particulières, à la pluri-professionnalité, à la médecine de parcours, à la santé communautaire, à l’interculturel, et à toutes sortes d’innovations qui préfigurent souvent ce que seront demain les modes d’exercice pour l’ensemble des soignants.
Pendant deux jours d’échanges et de débat, des habitants des quartiers populaires, des professionnels de la santé et du social, des chercheurs et des institutions partageront leurs expériences sur la « participation des usagers » aux actions de santé.
Il serait souhaitable qu’un regard nouveau se pose sur les questions de santé des habitants de ces quartiers, ainsi que sur le travail accompli au quotidien par des acteurs engagés à faire vivre un système de santé citoyen.
Pour le collectif
Docteur Didier MENARD
Docteur Jean-Louis CORREIA
Programme définitif – Rencontres Nationales Santé en Quartiers Populaires 2017
Contact : santeenquartierpopulaire@gmail.com
Une enquête sur les jeunes du Centre de Santé
Anaïs Ubelmann, interne en médecine générale a travaillé sur les dossiers médicaux de jeunes de 15 à 25 ans venus en 2015 consulter à la Place Santé
Comment et pourquoi les jeunes consultent?
Consultent-ils (elles) de manière différente selon leur âge et selon leur sexe?
Quelles sont les pratiques des médecins en termes de proposition de dépistage, de prévention ….?
Toutes les réponses dans la synthèse de cette enquête:
enquete-dossiers-med-jeunes-la-place-sante-syntheseoct16
Si fort et si fragile
A la question souvent posée ; alors comment cela va à la Place Santé, il est difficile de répondre. Pour la personne qui découvre aujourd’hui L’ACSBE- La Place Santé en passant la porte de la salle d’attente la réponse est évidente ; tout va bien, c’est même formidable ce que vous faites ! Les consultations médicales, les consultations de médiation, les ateliers collectifs, les actions de santé publiques …. Cela foisonne de partout. Mais si cet observateur regarde de plus près, s’il prend le temps de respirer l’ambiance, son jugement premier va se ternir. Derrière les sourires des « gens » de la Place Santé on peut percevoir l’inquiétude, certains jours on peut mesurer l’épuisement, la lassitude, voire même l’anxiété. Oh bien sur personne ne le dira ainsi, on s’excusera même de dire que c’est difficile d’être au quotidien face à la souffrance sociale, et à la maladie. On se protégera en disant que les habitants sont sympas, qu’ils rendent plus que ce que l’on donne. En réalité cette impression de malaise perçue par l’observateur avisé est juste.
L’ACSBE- La Place Santé est fragile, très fragile. L’incertitude sur l’avenir de chacun remonte à la gorge comme une angoisse, allons- nous pouvoir tenir dans l’adversité. De quelle adversité parlons-nous ? De celle de la précarité des financements, de l’incertitude du devenir des contrats et conventions d’emplois aidés, de l’insuffisance de nos moyens pour bien faire notre travail d’encadrement, pour porter nos projets de santé publique…..et de nos erreurs à nous, qui ne savons pas tout bien faire.
Alors nous essayons de réparer nos erreurs, tout le monde retrousse ses manches pour faire mieux, pour être plus solidaires, cela est nécessaire mais pas suffisant. Les pouvoirs publics doivent s’engager davantage. Il faut qu’ils comprennent que l’innovation que nous portons au sein de ce quartier populaire a besoin tout autant de soutien financier que de satisfecit et d’encouragements. Ce qui se passe actuellement à la cité du Franc-Moisin, ce n’est pas seulement une « expérience » d’offre de santé c’est aussi un engagement de femmes et d’hommes pour aider à la transformation sociale et cela mérite bien un peu plus d’aide.
Didier Ménard
Président de l’ACSBE-La Place Santé
Nouvelle année, nouvelle étape !
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Le passage à la nouvelle année est marquée à la cité du Franc-Moisin par la fermeture du cabinet médical du Docteur Paknadel, mon associé, et donc de moi-même. Après 35 ans d’activités médicales, une page se tourne. Les derniers jours furent marqués par la venue, souvent en famille, des patients pour dire au revoir. Ce fut un grand moment d’émotion où nous avons pu mesurer à quel point notre pratique de la Santé dans un quartier populaire nous avait permis de réaliser notre engagement pris à la création du cabinet en 1978. Ce dont les habitants nous ont remercié, ce n’est pas la qualité de nos diagnostics, ni même des traitements proposés, mais de notre accompagnement dans les moments difficiles de leurs vies, de notre engagement à leurs cotés quand ils étaient malmenés par les institutions, par le travail, par les accidents de la vie. D’avoir tout simplement été leurs médecins de famille.
Maintenant nous passons le témoin aux jeunes médecins de la Place Santé. Ce passage, s’il est évident pour nous qui avons porté le projet de construction du Centre de Santé Communautaire, ne l’est pas pour les habitants. La question récurrente de ces derniers jours était « vont-ils savoir faire comme vous ? », « allons-nous retrouver à la Place Santé toute cette empathie, ce service, cet engagement que l’on pouvait trouver au 7ième étage du 41 rue de Lorraine ? ». Je me suis engagé pour leur dire que c’est ensemble que nous allons continuer à construire ces savoir-faire et ces savoir-être. Il faudra que les habitants apprennent aux jeunes docteurs, comme ils nous l’ont appris, à ne pas avoir une vision trop médicale, que prendre du recul vis à vis de la plainte qui motive la consultation est nécessaire pour mesurer toute l’ampleur du problème soumis au médecin. L’approche sociale, l’approche cultuelle, la dimension psychologique, font partie de la question médicale, cela ne s’apprend pas à la faculté et à l’hôpital, où la médecine est faite différemment pour répondre à d’autres problèmes. Nous pratiquons la médecine générale dans une dimension de Santé Communautaire, cela signifie que le soin est particulier. Il doit être émancipateur, protecteur, coordonné avec les autres professionnels du quartier. Cela s’apprend à chaque consultation, et cela fait maintenant deux années que les jeunes font cet apprentissage. Les médecins qui se sont engagés dans le projet de la Place Santé portent haut et fort ces valeurs, ils veulent pouvoir répondre aux besoins de santé des habitants, ils conçoivent leur travail en partenariat et dans l’action collective c’est pour cela qu’ils vont réussir, j’ai complètement confiance en eux. Et ils ne sont pas seuls, toute l’équipe est là pour les aider, le travail des médiatrices est un bien précieux pour eux, les ateliers collectifs sont des moments de ressourcement, la musicothérapeute, la psychologue, la diététicienne, la podologue, l’équipe de direction, les secrétaires et le conseil d’administration de l’ACSBE sont là pour tisser collectivement notre projet de Santé. Ils ont tous besoin de la confiance, de l’humour, du respect des habitants et cela demande de la part de toute l’équipe de l’humilité, de la pugnacité, et de ne jamais baisser les bras dans l’adversité même quand la maladie est bénigne, même quand le problème social est bénin.
C’est une construction qui ne peut se faire que dans la confiance réciproque, il suffit ensuite d’y mettre de la compétence, de la persévérance et même de la tendresse et tout ce passera bien
Ce sont les vœux que je formule en ce début d’année pour toute l’équipe de l’ACSBE, et pour les habitants de la cité : continuons ensemble à construire la Santé Communautaire nous en avons tous besoin.
Bonne année !
Didier Ménard
Président de l’ACSBE-La Place Santé