A Saint-Denis, l’Association Communautaire Santé Bien-être créée en 1992 suite à une démarche de diagnostic communautaire de santé sur le quartier Francs Moisins/Bel Air, s’est donné comme mission d’élaborer et de mettre en œuvre un « projet santé » sur le quartier, de l’animer avec tous ceux qui participent à agir sur la santé pour et avec les habitants, des habitants ici perçus comme « acteurs de leur propre santé ».
Ces 2 dernières années, après une démarche de recherche action (encore un diagnostic !), beaucoup de choses ont bougé à l’ACSBE : de nouveaux projets sont nés, une Maison de Santé de Proximité va voir le jour, et surtout, la réflexion sur la place des habitants dans tous ces projets a beaucoup questionné l’ensemble de l’équipe professionnelle.
Une Maison de Santé de Proximité ne pouvait voire le jour sur ce quartier sans que les habitants y soient impliqués.
Pour l’association il ne s’agissait pas de faire une simple enquête sur les besoins, ou encore d’avoir des habitants représentants de la population du quartier, et encore moins d’avoir des habitants alibis participant à un comité de suivi ou de pilotage. En effet quelle légitimité auraient des habitants pour en représenter d’autres et comment pourraient-ils avoir suffisamment de poids par rapport à des représentants institutionnels qui viennent en nombre, comment avoir une réelle place dans ce type de réunion ?
Nous avons donc fait le choix de proposer un espace de concertation aux habitants du quartier afin de discuter du projet de la Maison de Santé de Proximité.
Quand nous parlons de concertation nous prenons ce mot dans son sens fort : « Se concerter ce n’est pas seulement prendre l’avis (consultation) mais « projeter de concert », s’entendre pour agir ensemble. La concertation et la consultation ne sont pas la même chose »**
C’est ainsi qu’est né le CHUC : le comité d’habitants usagers citoyens.
En ce moment ce comité se réunit régulièrement pour discuter du projet de Maison de Santé de Proximité. Ceux ou plutôt celles qui y participent, car ce sont des femmes, font des propositions : échanger sur l’obésité infantile (une mère concernée), créer une entraide entre parents d’enfants handicapés (encore une mère concernée) et changer les représentations sur l’handicap (« il faut oser sortir avec nos enfants »), créer une « feuille de choux » pour passer des messages de santé. Elles font aussi des propositions pour l’aménagement de la salle d’accueil qui ne sera pas une simple salle d’attente mais un café santé, lieu d’information et d’échanges autour de la santé. Elles ont ainsi proposé d’y prévoir une télé et de tourner des clips santé pour les diffuser (« car si c’est nous qui le disons, ça passera mieux »).
Toujours sur cette question de salle d’accueil elles ont décidé d’aller visiter d’autres lieux. Elles sont ainsi allées au café social de Belleville (association ayyem zamen) et ont chipé plein d’idées : pourquoi ne pas mettre aussi des bancs en bois avec des coussins dans la 2ème salle d’attente et utiliser des cloisons coulissantes pour cacher le coin café quand il doit être fermé. Elles ont pris des photos qui ont été envoyées au cabinet d’architecte…
Au café social elles ont aussi discuté de l’accueil du public, des règles, de la charte…
Ces sujets seront bientôt abordés lors des prochaines réunions.
Au fait, à la prochaine réunion, le comité va accueillir de nouveaux habitants et il semblerait que quelques messieurs seraient intéressés…
Autre chose : le Comité d’habitants Usagers Citoyens, c’est bien mais si on allait plus loin ?
Aussi l’association a prévu dans ses tablettes une formation des habitants sur la vie associative, les valeurs de l’association, la santé et pourquoi pas, la santé communautaire ! Peut-être les prémices d’une transformation du CHUC en association d’usagers ?
* Cet article est publié dans « la lettre de l’institut renaudot » http://www.institut-renaudot.fr.
** http://definition.ptidico.com