De la préhistoire à nos jours, l’humanité a été accompagnée par des productions sonores. […] ce sont les ritualisations de ces événements qui ont été à l’origine de la musique, devenue ainsi un moyen de communication et d’échange social.
Dès l’antiquité, la musique a été utilisée comme moyen d’expression émotionnelle.
L’idée d’utiliser les sons, la musique, à des fins curatives, semble avoir traversé les époques. C’est ainsi qu’Egypte, Perse, Chine et Grèce ont introduit les vertus de la musique dans les sciences médicales.
Pour Aristote la musique apaise l’âme :
« Nous nous sentons transformés intérieurement quand nous écoutons de la musique. Comment cette métamorphose serait-elle possible si le rythme et l’harmonie n’avaient pas d’affinité avec les états et les mouvements de notre âme ? »
Jusqu’à aujourd’hui, la musique s’est manifestée dans toutes les cultures connues.
Elle est utilisée à différentes fins dans la vie familiale et sociale depuis l’aube de l’humanité :
– Au Moyen-Age, en Italie, pour ses vertus curatives contre les morsures de tarentule […]
– A l’époque de la Renaissance, des médecins traitaient aussi leurs malades par la musique […]pratiquant la guérison psychologique de la dépression, au moyen de […] chants.
En occident, nous devrons attendre le 19ème siècle pour entendre parler de musique et de science médicale:
« La naissance de la psychiatrie, plus précisément le passage du « fou » au statut de « malade », a ouvert la porte à l’application de traitements et, parmi eux, à la musicothérapie. Dès 1801, Philippe Pinel cite l’exemple d’un malade pour lequel la redécouverte du violon joua un rôle essentiel dans son rétablissement. Mais ce n’est que quelques années plus tard – entre 1820 et 1880 -, avec la mise en place du « traitement moral » de la folie, que la pratique de la musicothérapie sera officiellement développée par Esquirol à la Salpêtrière. » Edith Lecourt, (1988).
« La musique est considérée comme un moyen de calmer les agités, de stimuler les apathiques, ou encore chasser les idées morbides ». Edith Lecourt, (2005).
Comme l’art-thérapie, la musicothérapie a connu un déclin à la fin du 19ème siècle, avec les avancées de la psychiatrie, de la psychologie, de la psychanalyse qui ont apporté d’autres réponses.
C’est au 20ème siècle que la psychanalyse a reconnu l’apport thérapeutique de la musique […].
Après la seconde guerre mondiale, la santé publique, en Europe et en Amérique, s’est intéressée à l’impact de la musique, en faisant des essais, pour soulager les soldats blessés et aussi auprès de personnes autistes ou d’enfants avec un handicap intellectuel ou physique.
Au début des années 60, la musicothérapie s’est implantée au Québec et aujourd’hui étend ses services dans de nombreux domaines, hospitaliers, centres de santé communautaires, de réadaptation, milieu scolaire et dans la pratique privée.
C’est aussi vers la moitié du 20ème siècle que l’on a assisté à un nouveau développement de la musicothérapie, avec les techniques d’enregistrement et de reproduction musicale, et également face aux difficultés et certains échecs thérapeutiques rencontrés dans le traitement des pathologies lourdes, telles les psychoses et les états autistiques.
Cependant, si dans les années 50 la technique a avancé, les idées sur la musicothérapie demeurent identiques aux siècles précédents. La musique agirait sur l’organisme humain en harmonisant le corps et l’âme.
Dans les années 70, on assistera à un développement particulier de la musique dans son articulation avec le milieu médical ; ce qui permettra à la musicothérapie de s’insérer dans le système de soins.
Il faut attendre la fin de ces années 70 et le début des années quatre-vingt pour que le mouvement soit bien installé, avec la création d’associations et la mise en place de formations de musicothérapeutes à l’université. Cela revêt un rôle important pour le niveau de ces formations et le développement de la recherche.
Apparaît alors une nouvelle approche psychologique de la musique associée aux diverses expériences cliniques et nourrie par des échanges internationaux (le premier congrès mondial de musicothérapie a eu lieu à Paris en 1974, à l’hôpital de la Salpêtrière). On peut voir ici une approche scientifique et professionnelle dans l’histoire de la musicothérapie.
Mais la musicothérapie demeure un domaine complexe, de par la diversité de ses applications, de ses pratiques et de ses bases théoriques qui dépendent des courants psychothérapiques des différents pays où elle est pratiquée.