Nous y sommes arrivés !
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Le rapport du « Comité des Sages » pour une stratégie nationale de santé présidé par Alain Cordier l’a écrit, la Ministre Marisol Touraine l’a dit : l’avenir du système de santé passe par « outre des activités de soin, ces équipes pluridisciplinaires doivent développer dans le cadre de leur projet de santé des actions de préventions et d’éducation à la santé, en lien avec les priorités du Comité Interministériel de la santé et les priorités régionales. Elles doivent également créer des liens avec les secteurs médico-social et social. »
Ce n’est pas à l’ACSBE que nous allons contester ces dires, puisque nous tentons avec la Place Santé de réaliser chaque jour ce projet de santé. Nous n’allons pas bouder notre plaisir d’entendre enfin dire, du haut de la tribune de la République, que le choix que nous avons fait est légitime et reconnu.
Ceci dit, si nous l’avons fait depuis si longtemps c’est parce qu’il est pour nous difficile de faire autrement. Les valeurs que nous partageons de justice sociale, de lutte contre la discrimination, de solidarité, la conception que nous avons de la santé, c’est à dire la recherche d’un bien-être, et surtout la réalité des conditions de vie des habitants du quartier Franc-Moisin/Bel-Air nous impose de concevoir l’action de la santé dans le cadre de la santé communautaire.
Construire des actions de soin, de prévention, d’éducation, d’accès aux droits ; d’organiser chaque année plus de cent ateliers collectifs, d’aider les habitants de notre cité à participer à ces actions et bien plus : de les co-construire ensemble, tout cela nourrit et donne le sens de notre exercice professionnel.
Mais attention à ce que cette reconnaissance ne soit pas l’arbre qui cache la forêt des difficultés.
Nous sommes soutenus, nous sommes financés par les institutions. Au sein de chacune d’elles des femmes, des hommes, nous accompagnent pour que nous réussissions notre projet, mais que le système est compliqué !
Tout ce travail est extrêmement fragile tant les procédures sont compliquées, tant les femmes et hommes politiques qui décident, manquent de courage pour oser dépasser le stade de l’expérimentation.
Nous en avons marre d’être expérimenté ! Depuis 20 ans, nous labourons le champ de l’action médico-sociale : l’heure est venue de tout basculer dans le droit commun.
La politique de la ville et la politique de santé ne doivent plus être des politiques de secondes zones : les quartiers populaires, les associations qui y travaillent doivent se sentir soutenues par la République.
Il n’est pas normal que nous redoutions chaque année, malgré tout nos efforts, le déficit financier. Ce n’est pas normal que les personnes qui travaillent à la Place Santé acceptent, pour faire vivre le projet, d’avoir des petits salaires.
La République a le devoir de faire plus pour les populations défavorisés, d’aider davantage les associations qui apportent l’espoir d’un vivre mieux pour tous.
La misère ne doit plus être notre quotidien ! Nous savons donner, nous savons recevoir, nous savons rendre, alors nous attendons que les décideurs politiques de ce pays fassent la même chose, et que la Ministre de la santé prenne des décisions dans ce sens.
Et nous pourrons alors dire ensemble nous y sommes arrivés!
Didier Ménard – Président de l’ACSBE
Médecin généraliste sur le quartier