Nouvelle rentrée, nouveau souffle
- Nouvelle rentrée, nouvelle équipe gouvernementale, mais toujours les mêmes problèmes.
- Comment faire évoluer le système de l’offre de soins pour l’adapter aux réalités nouvelles ?
- Comment faire comprendre aux soignants que cette évolution nécessaire impose des transformations qui ne doivent pas être des pénalisations mais qui, au contraire facilite la création de nouveaux avantages ?
- Comment faire comprendre aux acteurs institutionnels qu’ils ne faut pas réinventer ce qui existe déjà ?
- Comment aider la population à désacraliser la médecine pour que l’expertise du malade soit enfin considérée ?
Pour mieux voir l’avenir, il faut regarder le passé.
Presque tout existe, et souvent depuis longtemps pour transformer le système de l’offre de soins en un système de santé, seule voie d’avenir : la médecine libérale évolue, elle accepte ( difficilement ) maintenant de sortir de ses fondamentaux pour diversifier les modes de rémunérations, elle accepte plus facilement le travail en équipe dans des structures spécifiques, elle commence à trouver de l’intérêt aux transferts de tâches, elle s’émancipe un peu plus de la tutelle des syndicats médicaux, adeptes du conservatisme.
Certes cela reste fragile, les sceptiques hurlent à l’utopie, les privilégiés craignent pour leurs privilèges, les innovateurs se découragent, les méfiants rentrent dans leurs coquilles, bref toutes les postures habituelles quand on tente de changer l’existant.
Pour nous, cela est plutôt réjouissant, car tout en étant au cœur de ces interrogations nous avançons dans la réalisation de notre projet.
Nous n’avons pas besoin d’attendre les futurs réformes de la médecine de proximité promises par notre nouveau ministre, car nous baignons dedans : nous évitons la création d’un désert médical, nous diversifions nos modes de rémunérations avec le choix du salariat, nous conjuguons le médical avec le social, nous effectuons des tâches de santé publique, nous construisons avec la population de la santé communautaire et cela nous va bien.
Les valeurs que nous défendons ne sont pas nouvelles, elles s’inscrivent dans l’histoire de ces populations qui vivent maintenant dans notre quartier, elles ont traversé les âges pour survivre au laminage de la société dite moderne. Elles sont la solidarité, elles sont le collectif, elles sont l’hospitalité, elles sont le refus de la stigmatisation, de la xénophobie, elles sont le respect des traditions émancipatrices, elles sont la convivialité, elles sont la défense de tout ce qui se fait bien.
Certes notre précarité est à l’image de celle de la population, notre avenir est incertain, mais nous y croyons car après presque un an d’existence de la « Place Santé » nous continuons à gravir les marches de notre projet.
Alors si les porteurs du changement ont des doutes, des hésitations, qu’ils regardent ce qui se fait aujourd’hui en France, de Toulouse à Lille, à Strasbourg en passant par Saint Denis, et ailleurs dans les quartiers populaires comme dans nos campagnes, un souffle nouveau se fortifie.
Didier Ménard, médecin généraliste
Président de l’Acsbe – La Place Santé